LE PROJET DES 1ers JEUX EUROPÉENS : UNE CONTRIBUTION AU PROJET OLYMPIQUE EUROPÉEN DANS LES ANNEES 1960 (Florent lefèvre -urca/psms)

Lefèvre Florent est doctorant à l’Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA), au sein du Laboratoire Performance Santé Métrologie Société – PSMS.

florent.lefevre11@gmail.com / florent.lefevre1@etudiant.univ-reims.fr

Le résumé de la communication de Florent Lefèvre

“Ma communication avait comme principal objectif de valoriser un évènement en particulier : le projet des 1ers Jeux Européens, qui est au cœur du projet olympique européen dans les années 1960. Au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, la construction européenne est en marche, sur le terrain sport aussi il faut « Faire l’Europe » et l’Olympisme peut en devenir un outil. Nous verrons qu’il est possible de dire que l’Olympisme est-il une source d’Europe. Je définis le projet olympique européen comme étant l’ensemble des initiatives menées dans les années 1960 en Europe, autour de l’Olympisme et de ses valeurs, pour créer une Europe Olympique unie qui regroupe tous les CNO du continent. C’est-à-dire un continent fraternel, en paix tout en valorisant l’unité dans la diversité.

Deux propositions vont émerger dans l’objectif du projet olympique européen : tout d’abord, certains CNO européen de cette époque vont vouloir créer une organisation olympique continentale qui aurait comme but de satisfaire les idées olympiques que sont l’amitié et de la collaboration entre les peuples, le tout dans un objectif constructif dirigé vers la consolidation de la paix en Europe. Les CNO de Suisse, de France, de Belgique et de RFA seront notamment parmi les plus actifs, au travers de leurs dirigeants olympiques de l’époque, dans ce processus d’unification des CNO européens. La première pierre de cet édifice européen olympique est ainsi posée les 7 et 8 septembre 1968 par le Comte Jean de Beaumont, alors Président du Comité Olympique Français, qui décide de réunir à Versailles 22 CNO Européens. Cette première prise de contact ouvre la voie d’une coopération européenne partagée et basée sur l’idéal olympique, l’amitié, la fraternité et la paix universelle.

Dans le cadre de la création d’une association des CNO européens, il serait primordial que cette dernière organise un évènement sportif : des Jeux Européens.

Derrière cette ambition partagée, de nombreux enjeux vont émerger et entrainer de profonds débats autour des deux questions suivantes :

  • Quelle forme de gouvernance doit prendre cette union des CNO Européens pour respecter le principe de représentativité cher à tous les participants ?
  • Quel rôle doivent jouer ces Jeux Européens dans la promotion d’une Europe olympique et dans la construction d’une Europe politique ?

C’est donc lors d’un colloque franco-allemand qui a eu lieu à Baden-Baden en 1965 que Maurice Herzog va évoquer cette idée d’organiser des Jeux Européens comme une compétition sportive où se rencontreraient tous les européens. Moins de deux ans après cette proposition, une candidature européenne se manifeste pour l’organisation de ces 1ers Jeux Européens : la région Rhénane qui est une région frontalière au carrefour de trois villes Mulhouse (France), Bâle (Suisse) et Fribourg-en-Brisgau (RFA). Cette candidature européenne serait une formidable façon de matérialiser ce qu’est et ce que va devenir l’Europe. L’Europe est un mot dont tout le monde parle dans les années 1960, mais ce n’est encore qu’une illusion, une abstraction pour trop d’européens. Cette Europe trouvera dans ces Jeux une formidable démonstration [1].

Lors de son exposé sur les Jeux Européens, en 1968 à Mexico, Raymond Gafner valorise l’importance du projet « lancée il y a quelques années du côté français (…) qui « permettrait à la fois de promouvoir d’une manière frappante deux grandes idées, celles de la coopération européenne et celle de la promotion olympique »

Ces acteurs au cœur du projet peuvent être considérés comme des « acteurs pionniers »de la coopération sportive européenne et plus largement de la coopération olympique dans l’organisation d’évènements. L’Olympisme doit servir les nobles causes et la « coopération européenne en est une »[2].

Cela serait un moment historique pour le sport et le Mouvement olympique que de voir un tel évènement organisé par trois grandes villes d’une même région représentant trois pays différents aux frontières communes. Cette région veut être pionnière et donner l’exemple car : existe-t-il une région mieux prédestinée à l’inauguration des 1ers Jeux Européens ? Le déroulement des Jeux sur ce sol, au cœur de l’Europe pour l’Europe, leur confère, en outre, un symbole spirituel. Cet évènement olympique européen est donc « une œuvre qui fera du sport européen le dénominateur commun de la paix et de la fraternité ». Les Jeux Européens peuvent-ils servir l’idéal européen et le sentiment d’appartenance à un ensemble commun ?

Concernant la méthodologie, cette communication valorise une démarche interdisciplinaire pour appréhender et mieux cerner le contexte et cette innovation, notamment en sollicitant différents champs scientifiques, tels que l’histoire culturelle (Ory, 2004), l’histoire culturelle de l’Europe (Wilfert, 2013), les représentations (Jodelet, 2002), l’Olympisme (Augustin, Gillon 2004) (Chappelet, 1991). La notion d’héritage est bien plus large que celle d’impact qui était jusqu’alors privilégiée, et renvoie à la fois à des dimensions matérielles et immatérielles. (Collinet, Schut, 2020). Dans le cadre de cet objet d’étude, la notion de frontière (Wassemberg 2007, Meyer, Werner 1991) occupe une place centrale. Je m’appuie également sur de nombreux travaux qui associent le sport et l’Europe (Gasparini). Je réalise également un travail important de consultation d’archives historiques sur ces Jeux Européens et l’association des CNO européens.

Pour conclure, le projet olympique européen dans les années 1960 ainsi que le projet des 1ers Jeux européens peuvent-ils devenir de formidable moyens de « vendre l’Europe » (Gasparini, 2021) dans les années 1960 ?”

Mots-clés : Olympisme, Europe, Jeux Européens, Histoire, Culture

Bibliographie :

  • ACNOE, (1978). Association des Comités Nationaux Olympiques d’Europe. Association of the European National Olympic Committes, 1967-1978. Historique de l’Association des Comités Nationaux Olympiques d’Europe de 1967 à 1978 à l’occasion de la Xè Assemblée Générale, 36p.
  • Brochure de candidature, Jeux Européens, 1969, Archives du Centre d’Études Olympiques du CIO
  • David, R. Monnin, E. (2011). Le mouvement olympique et l’Europe : histoire et actualité de l’Association des comités olympiques européens. European Studies in Sports History, Volume 4, PURH,  pp 165-189
  • David, R. Monnin, E. (2012). From Versailles to Brussels: The origins, hesitations and actions of the Association of European Olympic Committees. Sport Governance in the World. A socio-Historic Approach, Volume III, pp 227-261
  • Errais, B. Fates, Y. (1989). Les Jeux Régionaux, témoins de l’universalisation des sports. Mappemonde 2
  • Gasparini, 2021, Vendre l’Europe ? Le sport comme vecteur de communication du projet européen (1966-1985), L’Harmattan, « Politique européenne », n°72, pp 20-44
  • Miège, C. (2009) Les organisations sportives l’Europe. INSEP-Editions, 258p.
  • Naul R. (2014) The European Union and Olympism: “Coubertin Plan” and Youth Olympic. Journal of Olympic Histoy, 7 p.
  • Wassenberg, Birte, “Qu’est-ce qui motive la coopération transfrontalière dans l’espace franco- germano-suisse“, in : Birte Wassenberg (dir.), Vivre et penser la coopération transfrontalière, Vol.1, les régions frontalières françaises, Stuttgart, 2009 a, p.95- 107.

[1] Duplain Georges, 26 octobre 1964, La Gazette de Lausanne. Staatsarchiv Basel-Stadt (Archives Cantonales de Bâle-Ville)

[2] Raymond Gafner, 1968, Mexico, Exposé sur les Jeux Européens. Archives du Centre d’Études Olympiques du CIO


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Organisation REDESP (2 mai 2022). LE PROJET DES 1ers JEUX EUROPÉENS : UNE CONTRIBUTION AU PROJET OLYMPIQUE EUROPÉEN DANS LES ANNEES 1960 (Florent lefèvre -urca/psms). Sport et sciences sociales. Consulté le 16 septembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/ujhb


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